Trouble bipolaire. A la recherche de l’équilibre
Témoignage de Dominique
Mon témoignage se veut optimiste, transmetteur d'espoir, mais également lucide, face à la souffrance profonde des longues phases dépressives, amplifiée par les actes souvent insensés commis durant les phases maniaques.
La cinquantaine passée, j'ai connu de nombreuses hospitalisations, certaines très jeune, suite à de fortes décompensations.
Ce qui m'aide à ne pas trop penser à ces longues périodes, au fonds du trou « durant lesquelles le temps s'arrête », c'est le chemin parcouru entre ces épisodes difficiles. Chemin qui m'a mené à apprendre à vivre le moment présent.
Depuis ma dernière hospitalisation (2011), j'ai réussi à gérer davantage les périodes critiques, où mes médicaments de base ne font pas l'effet escompté (stabilisation de l'humeur), avec le risque de décompenser, et d'arriver à l'hôpital en pleine euphorie, souvent emmené de ce fait par la police.
Le temps aidant, j'ai repris confiance petit à petit, et j'ai pu m'engager dans des activités bénévoles.
La musique et la peinture m'ont permis de m'exprimer sans les limites du langage. Elles m'ont aidé à me reconstruire, à apprendre de mes erreurs.
Mon équilibre s'appuie également sur ma famille, mes amis, mon médecin, et une bonne hygiène de vie.
Le plus dur a été d'accepter le diagnostic, de surmonter le regard des autres, la stigmatisation, de me faire traiter de fou par de prétendus amis. Chaque rechute implique de vivre un nouveau deuil : tout est à recommencer. J'ai vécu également de longues périodes de profonde solitude coupée de toutes mes ressources, où l'envie d'être en vie avait de la peine à émerger.
Aujourd’hui, j'ai de nouveaux projets, et beaucoup de force malgré mes fragilités. J'ai appris à mieux connaître mes besoins, je suis au clair avec mes valeurs, mes croyances ; le sens que je souhaite donner à ma vie.
J'ai conscience de l'impermanence de toute chose, de l'importance du lâcher prise, du détachement. Je suis heureux d'être en vie.